De forme élancé, il repose sur une base carrée imitant le marbre gris, surmontée d’un piédouche doré.
À fond bleu mat, il est décoré d’une frise de palmettes et de fleurons courant sous l’épaulement, et orné d’un médaillon central ovale à fond blanc représentant une grappe de raisin rouge ombré et violacé, accompagnée d’un branchage brun et de feuilles vertes. Un bandeau inférieur à motif géométrique stylisé souligne la base du vase. Le col évasé, richement doré à l’or bruni, est rehaussé d’une guirlande de feuilles de vigne gravée à l’or mat.
Le vase est muni de deux anses dorées en volute, reposant sur des mascarons en biscuit figurant des têtes de divinités antiques barbues, probablement Bacchus ou un dieu-fleuve, à l'imitation du bronze patiné.
Marque(s) : NÉANT - (Voir ci-dessous "Oeuvre similaire"),
Dimension(s) : Haut. 35 cm - Long. 17 cm,
Condition(s) : TRÈS BON ÉTAT - Petite reprise d’une fêlure à la base d’une anse et éclat restauré en bordure haute du vase - Reprises invisibles à l’œil nu,
Époque : EMPIRE.
Œuvre similaire : Un vase de forme identique est conservé à la Fondation Napoléon à Paris (inv. 785).
Il est reproduit dans le catalogue d’exposition du musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau, Dagoty à Paris – La manufacture de porcelaine de l’Impératrice, par Régine Plinval de Guillebon, publié en 2006. (Voir la photographie ci-dessus.)

Les pièces avec des imitations de bronze patiné a une texture, une matité et une profondeur visuelle très particulières, difficilement reproductibles avec les émaux et pigments habituels de la porcelaine. Obtenir une patine réaliste sur un support aussi lisse et brillant que la porcelaine exigeait des cuissons précises, des oxydes spécifiques, et un savoir-faire rare. Le rendu devait simuler non seulement la couleur, mais aussi le toucher visuel du métal vieilli, ce que peu de manufactures parisiennes maîtrisaient. La porcelaine est historiquement associée à la lumière, la blancheur, l’éclat, voire la transparence. Imiter un matériau sombre, dense, et opaque comme le bronze était contre-nature. L’imitation du bronze s’inscrit dans un registre érudit : celui de l’Antiquité, des bronzes étrusques ou romains, des sculptures de Bacchus ou d’Apollon.
Le décor de raisin est également particulièrement intéressant. Par nature, le raisin est un symbole bacchique : il renvoie à Bacchus/Dionysos, dieu du vin, de la fête, de la fertilité et de la nature généreuse.
Sous l’Empire, où l’Antiquité est glorifiée, cette référence n’a rien d’anodin : elle exprime à la fois la richesse, la fécondité, et une forme d’exaltation maîtrisée, conforme à l’idéal néoclassique du pouvoir impérial.
Ce vase devient ainsi une pièce à double lecture : à la fois décorative et érudite, mais également profondément symbolique. Le motif du raisin renvoie à Bacchus, divinité de la vigne et du vin, mais aussi aux notions d’abondance, de fête, de fécondité et de connaissance. Il incarne l’union harmonieuse entre mythologie antique et observation naturaliste, chère à l’esthétique néoclassique du début du XIXe siècle.