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Le Portugal, les Pays-Bas, l'Angleterre, nations maritimes par excellence ont été les premières à ouvrir et à développer des comptoirs sur les côtes de Chine ou du Japon. Pendant ce temps, le Roi de France et ses Ministres se préoccupaient des luttes intérieures et des guerres de religion.
Cependant, à l'aube du XVIIe siècle, avec ou sans la protection du Roi de France, des initiatives privées furent tentées pour créer des comptoirs : les armateurs malouins, la Compagnie du Morbihan, puis RICHELIEU. Ce dernier aurait souhaité disposer de grandes compagnies de commerce "privilégiées" pour donner de l'emploi aux marins, et établir un commerce maritime. Or, des moyens financiers faibles étaient mis à la disposition des compagnies. Même avec l'appui de MAZARIN, tous les essais se soldèrent par des résultats décevants.
En 1664, l'un des plus grands ministres de la France : COLBERT, dressa un grand projet de restructuration de l'économie et des finances et il créa la COMPAGNIE ORIENTALES DES INDES. A ses débuts, elle avait équipé une flotte faite de vaisseaux du Roi, de rang inférieur et de bâtiments de charge. Là encore le manque de moyen financier n'apporta pas de brillants résultats. A partir de cette époque, à la demande de l'armement privé, il fût entrepris dans toute la France de construire des vaisseaux. COLBERT donna des instructions, pour que la flotte des Indes, disposa de bâtiments, donnant une idée de grandeur du Roi. D'autant qu'en 1669, la flotte marchande ne représentait que 500 à 600 vaisseaux de long court. Sans être exploitées à fond, ces initiatives permirent d'accéder à un commerce riche d'avenir.
En 1698, la Compagnie fût cédée à un glacier parisien JOURDAN de GROUE. La nouvelle société, s'appela la "COMPAGNIE DE LA CHINE". Un nom plus logique : la porcelaine n'a jamais été fabriquée en Indes mais en Chine : l'Inde n'était que l'intermédiaire et la Chine le producteur.
La Compagnie de Chine arma sa première frégate 'L'AMPHITRITE". Elle quitta le port de La Rochelle (Charente Maritime) le 6 Mars 1698 et revint de son périple, à Port Louis (Morbihan) le 4 Octobre 1700. Dans sa cargaison, du thé, de la soie, des étoffes... et de la porcelaine de Chine et du Japon : des assiettes, mais également beaucoup de pièces de forme et l'ouverture, à CANTON, d'un premier comptoir Français. Ce fut la première opération heureuse.
Le retour du bâtiment, suivi de la "vente du fret' attira un public composé de dignitaire de la Cour, des familles nobles de Bretagne, des armateurs, et des riches bourgeois, l'engouement fût extraordinaire. L'Amphitrite fit un deuxième voyage dont le profit fût médiocre. Mais le "goût chinois" était adopté.
Jusqu'en 1719 des bateaux firent la navettes entre la France et les Indes, ils ramenèrent des cargaisons de marchandises diverses. Dans le même temps le Roi LOUIS XIV, exigea des fontes d'argenterie, pour financer ses guerres. La guerre de succession d'Espagne et des difficultés financières amena la Compagnie de Chine à rechercher de nouvelles associations. C'est alors que le Financier John LAW, fonda une banque d’État. En juin 1719, le Conseil d’État, sous le nom de la COMPAGNIE PERPÉTUELLE DES INDES, réunissait la Compagnie d'Occident, nouvellement créée par LAW, et la Compagnie de Chine. Malgré l’échec du système, dû à la spéculation de quelques uns et à l'égoïsme de quelques autres qui réalisèrent en masse, la Compagnie des Indes survécut. Les résultats cessèrent ; qu’après un demi-siècle d'activité.
A défaut d'argenterie, l'intégration de la porcelaine, objet précieux et plus prestigieux que n'était la faïence, se fit auprès des familles riches. Les débarquements de marchandises eurent lieu à Brest, mais surtout à Port-Louis.
En 1730, la Compagnie installa un port à Lorient, des chantiers de construction et des ateliers de radoub, sans oublier les indispensables entrepôts et les magasins où se développèrent les ventes aux enchères des cargaisons. La flotte Lorientaise était composée de trente vaisseaux, les plus importants avaient l'aspect de bâtiments du Roi de 4e rang. Les plus gros étaient réservés au commerce avec l'Inde et la Chine.
La période 1725/1771, marqua le summum des importations chinoises en France : 761 vaisseaux, comptant 87 223 hommes d'équipage, furent envoyés vers les indes, 585 bateaux revinrent en France, les autres disparurent. Le bénéfice entre l'achat et la vente (1), s’éleva à 292 867 823 livres. Cette évolution est due au développement de la production de la porcelaine en polychromie.
EPOQUE DE KANG-HI (1662/1722)
Il y eut d'abord le BLANC et BLEU DE SAPHIR, la décoration était souvent faite selon la demande des acheteur. La vogue du camaïeu fût remplacée progressivement par la polychromie.
En premier, la couleur au grand feu avec le bleu, le rouge de cuivre (du marron au sang de bœuf à la peau de pêche), le vert céladon, le jaune brun, le brun olive. Parfois il est ajouté une couche de matière terreuse qui masque la couleur naturelle de la pâte.
Ensuite, apparût le décor en couleur de la "FAMILLE VERTE" ainsi appelée, par la prédominance de la couleur verte. Une technique soignée, une pâte bien façonnée, des tournages de qualité, un polissage minutieux, un émail pur, limpide, lustré font que les pièces dans leurs couleurs et leurs formes, quoique traitées à l'européenne dans des sujets chinois, représentent des objets d'éblouissement.
Le décor se présente d'abord par un bleu sous couverte, joint à des émaux SUR couverte, jaune, vert, violet, rouge de fer, brun noir. Mais le vrai décor Kang-Hi, celui de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe, est dû à la découverte du bleu SUR couverte et des sept couleurs caractéristiques, qui ont pu être réalisées pendant cette période : le vert foncé, le vert clair, le violet aubergine, le jaune, le noir verdâtre (brun noir, recouvert de vert clair), le bleu (plus ou moins violacé), le rouge de fer, et souvent il faut ajouter des rehauts d'or. Un dessin large avec une décoration franche et cette porcelaine se date entre 1682 et 1710).
La famille verte sera reprise tout au long du XIXe, il faut donc se méfier.
EPOQUE DE YONG-TCHEN (1723 / 1736)
Au cours de cette période furent fabriquées de nombreuses reproductions sur des modèles SONG (960 / 1279) et MING (1368 / 1643). Cette époque est considérée comme une période de transition.
EPOQUE DE KIEN LONG (1736 / 1795)
Avec l'arrivée de l'Empereur KIEN-LONG, la Compagnie des Indes va prendre une très grande extension. De PORT-LOUIS, on fit LORIENT, un port prospère. La production chinoise, la plus remarquable est bien souvent désignée à tort - comme étant la seule de la Compagnie des Indes : la FAMILLE ROSE, une couleur venue d'Europe : le rose d'or ou le pourpre de Cassius.
La décoration changea. elle se fit à partir de maquettes et de gravures venant d'Europe : scènes à personnages dont l'origine était la religion (mythologique et biblique), la vie quotidienne (scènes galantes ou grivoises), la mer et les bateaux, scènes d'histoire (armoiries, sacre de Louis XVI au château de Versailles), la littérature..., sans oublier les motifs bouddhiques ou de la Franc-Maçonnerie - la copie des scènes n'était pas toujours conforme : la gravure servant de modèle et représentant la Duchesse Du Barry prenant son bain, a donné dans la reproduction sur porcelaine, un négrillon à peau...rose.
Le 6 Avril 1770 marque la dissolution de la Compagnie des Indes. Elle fut reconstituée en 1785, mais son monopole fut supprimé en 1790 par l'Assemblée Constituante. Pendant tout le XVIIIe siècle, des sociétés ou des navires réguliers avaient été créés vers la Chine : l'Espagne, la Russie, le Danemark, la Suède, l'Allemagne et les Etats-Unis d'Amériques étaient parties prenantes.
Vers 1710, en Europe, le Grand Duché de SAXE présenta ses premiers échantillons de porcelaine fabriquée à la méthode Chinoise (emploi du Kaolin). Le marché Chinois se vit remplacé par un marché correspondant plus au goût Européen. La France, à son tour, fabriqua de la porcelaine dite à "pâte tendre". "UN ARREST DU CONSEIL D'ETAT DU ROI" du 15 Février 1766, autorisa sur toute l'étendue du Royaume, de fabriquer des porcelaines à l'imitation de la Chine. Tant en blanc que peintes en bleu et blanc et en camaïeu d'une seule couleur..."
(1) - Extrait du livre IV, tableau 2 "Cie Orientale de France". Edition Fib - XVIIIe siècle.
Ronan Lelandais
Expert C.E.A. et C.E.D.E.A.
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